Ursula Hennigfeld - Universität Düsseldorf

Le principe d’incertitude chez Houellebecq, Volpe et Ferrari

Dans son essai intitulé Literatur im Zeitalter der Wissenschaften de 1959, Peter Hacks émet l’hypothèse que les sciences naturelles ne seraient pas d’influence sur la littérature. Mais un simple regard sur des romans contemporains suffit pour remettre sérieusement en doute cette thèse, car les romans choisissent souvent comme sujet la physique voire des théories physiques (particulières telles que l’interprétation de Copenhague de la théorie quantique). À ce titre les romans Dirac (Dietmar Dath, 2006), En busca de Klingsor (Jorge Volpi, 1999), Les particules élémentaires (Michel Houellebecq, 1999), The end of Mr. Y (Scarlett Thomas, 2007), Die Entdeckung des Lichts (Ralf Bönt, 2009) ou Le principe (Jérôme Ferrari, 2015) sont exemplaires. Leur intention ne consiste pas seulement à mettre les découvertes de la mécanique quantique à la portée du grand public sous la forme plaisante d’un roman populaire. Au contraire la réflexion sur la physique quantique peut avoir des profondes répercussions que pourra démontrer le recours à trois auteurs : Dans son roman Les particules élémentaires Michel Houellebecq avance la thèse que la liberté et l’individualité sont des illusions. Les protagonistes du roman se soustraient au déterminisme par le suicide, seule manifestation d’un libre arbitre, lequel pourtant s’auto-abolit dans l’acte même de son affirmation.
L’écrivain mexicain Jorge Volpi retrace dans son roman l’histoire de la physique nucléaire sous le IIIe Reich. Le lecteur y apprend, par le recours au concept d’indétermination ou d’incertitude déduit de l’interprétation de Copenhague de la théorie quantique, que la question de culpabilité peut être dépourvue de sens parce que la culpabilité et l’innocence ne représentent pas des catégories objectives. Simultanément, Volpi développe une théorie du roman en soutenant la thèse que le monde est dominé par l’indétermination.

Que la beauté et l’horreur soient inséparables, c’est l’idée principale du livre de Jérôme Ferrari. Aussi le roman traite-t-il le problème de l’appréhension du monde par le langage, problème auquel sont confrontées au même degré la physique, la philosophie et la littérature. À travers le personnage de Werner Heisenberg Ferrari montre les effets pouvant découler de la compréhension du principe d’incertitude et les conséquences de l’aspiration à trouver des « îlots de stabilité » en temps de guerre.
La conférence examine à travers les romans Les particules élémentaires, En busca de Klingsor et Le principe les rapports entre la physique et la littérature; en particulier elle s’intéresse à la question de savoir comment les auteurs ont recours à l’interprétation de Copenhague de la théorie quantique, au principe d’incertitude et au personnage énigmatique du scientifique et lauréat du prix Nobel Werner Heisenberg.

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