Daniela Kuschel - Universität Mannheim

Un bar dans le meilleur des mondes possibles ou Le monde dans le meilleur des bars possibles

Un bar est une institution culturelle et sociale, dans laquelle on peut observer les relations sociales et leur évolution. En plus, le bar ne les représente pas seulement, mais il fait activement partie de la construction des structures sociales. En général, les bars des (petits) villages sont des endroits où circulent des nouvelles, ils sont les centres de la communication publique. Ils reflètent des différents mondes (comprenez des structures de classe, des hiérarchies et des habitudes) et ils répondent aux exigences et aux besoins des gens et de la vie tout autour. Le bar, c’est la scène sur laquelle se présente la réalité sociale et sur laquelle elle est mise en discussion.
C’est pourquoi les clients jouent un rôle important : ils transforment le bar d’un espace simplement physique en espace social qui permet et qui se base sur son participation active. Cette participation résulte des besoins sociaux des clients qui y trouvent un espace pour traiter/ cultiver la présentation d’eux-mêmes et pour négocier les principes et les règles du comportement social.
Plus qu’un simple décor, le bar est un microcosme social, un véritable topique, prisé dans la littérature, les films et les séries. Surtout dans le secteur populaire on trouve beaucoup d’exemples, comme « la Taverne de Moe » de la série les Simpsons. En effet, le topique du bar permet de mettre en contact avec les expériences et les émotions du quotidien. Le bar permet d’observer le fonctionnement des structures sociales ainsi que leurs évolution, il sert de plateforme pour mettre en scène – dans un cadre restreint et figuratif – des processus complexes d’une société.
En comparant le topique du bar dans différentes œuvres, je voudrais analyser le rôle du bar dans le roman Le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari. Au début, celui-ci semble se proposer comme l’unique entreprise envisageable pour la seule solution possible pour deux jeunes hommes idéalistes mais déçus par la vie – leur bar représenterait alors le meilleur des mondes possibles. Un happy end semble alors à portée de main : «On aurait dit que c'était le lieu choisi par Dieu pour expérimenter le règne de l'amour sur terre.» Toutefois « le [bar] est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt. » Ainsi le succès est suivi de l’échec, l’amitié et l’amour se transforment en jalousie et culminent dans une rage à première vue sourde qui, ensuite, échappe à tout contrôle; Les grands sentiments de l’humanité s’y trouvent finalement réunis et l’entrelacement des relations humaines, fait de souvenirs et de désirs (inaccomplis), font du bar non seulement un reflet du monde mais constituent en même temps un champ d’action particulier de celui-ci.

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