Timo Obergöker - University of Chester

Le Sermon de la chute de Rome et la question de l’identité nationale

Dans son étude désormais classique Third World Literature in the Era of Multinational Capitalism, Fredric Jameson souligne l’importance de l’allégorie nationale pour la construction d’une identité nationale dans les pays du Tiers Monde. Du même coup, il postule que la littérature occidentale, en raison de sa séparation entre Freud et Marx, a successivement banni le fait politique notamment du roman. Le propos de Jameson est, bien évidemment, plus complexe que cela.
Or l’allégorie nationale n’a jamais été morte et que dans un pays comme la France qui s’interroge avec une acuité particulière sur les assises de la ‚francité‘ elle a toujours été fort présente. Des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy à Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable de Romain Gary, en marge des grands textes canoniques l’interrogation sur ce qui fait l’essence même de la francité persiste depuis notamment la décolonisation.
Le sermon de la chute de Rome, de par son titre et les allusions à Augustin, se présente de prime abord comme un texte sur la chute de l’Empire Romain. En même temps, il est publié pendant une période intense de désarroi et de questionnement collectif dans une France dont le modèle socio-économique connu sous le nom de social-colbertisme est en panne. De la sorte, le texte était lu par certains critiques comme un texte allégorique sur la chute de la France dans un contexte géopolitique tendu. Mon intervention cherche à élucider la question de savoir si cette lecture « décliniste » est due au contexte de réception ou dans quelle mesure le bar en Corse est un microcosme dont la chute incarne celle d’une « certaine idée de la France ». Autrement dit: le ‘nombrilisme’ que l’on reproche souvent à la France a t-il escamoté une lecture plus universaliste du texte ?

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