Bernd Blaschke - Universität Zürich

‘Tu es étonné parce que le monde touche à sa fin?‘
Métaphysique et art de composition des débuts et fins chez Ferrari


Les romans de Jérôme Ferrari sont caractérisés par les renégociations des problèmes politiques, éthiques et psychologiques du vingtième siècle. Non moins impressionnants sont le pouvoir du langage et des images et aussi l’art de composition riche en perspectives de ces romans qui racontent sans narrateur omniscient les événements d’une manière kaléidoscopique. Les thèmes de tous ses romans gravitent autour des narratives du désillusionnement, de la défaite et de la décadence. Nombreux sont les morts qui marquent les fins (et des fois aussi les débuts) des actions. A part de la fin biologique les romans aboutissent souvent à la dissolution des croyances stables. Cependant cette tendance au morbide, à la violence et aux abîmes d’une sexualité dissociative est maîtrisée par une conscience immense du langage et de la forme. Les phrases en miroir du début et de la fin du Sermon sur la chute de Rome sont autant des indices pour cela que ses devises nombreuses ou ses contrefiches des phrases longues et rythmées avec les formules courtes, laconiques voire épigrammatiques.

Ma conférence analyse l’art de débuter et de finir de Ferrari. Car dans une vision du monde qui ne croit plus aux vérités éternelles, aux théories généralement admises, aux positions stables et à la fixité des choses et des ordres sociaux – dans la vision du monde donc qui est le thème explicite dans Le principe mais le thème implicite de tous ses roman depuis Aleph Zéro – les mises des points de départ et de la fin obtiennent une signification decisive. Le fleuve du roman de famille et de société de sa trilogie corse pourrait continuer sans fin, intégrant autres personnes, autres générations et perspectives de narration. Mais l’auteur de ces romans courts invente toujours des points de début et de fin hardis et significatifs.

Mon étude va demander : Qui parle au début et à la fin de ces romans ? Quels énoncés et quelles tonalités s’y trouvent? Qu’est-ce que la signification des scénarios de clôture – aussi en vue du multi-perspectivisme ouvert des fils de narration développé avant ? Est-ce qu’il y a des indices pour une direction tragique ou comique dans la conduite des plots et des scénarios de fin ? Quel est le rôle des conceptions de fin en vue de la métaphysique (de la perte), de l’épistémologie (du savoir incertain et instable), de la philosophie sociale (de la solitude et du mal) et de l’esthétique (d’une beauté du terrible) ? Comment et dans quelle mesure sont ces textes ouverts ou fermés ? Quel est l’effet de ces scénarios de la fin (et du début) en vue de la modélisation des émotions et de l’impact esthétique de ces romans ?

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